...............25............
Flashmag January 2019 www.flashmag.net
maladie. J’ai voulu lui rendre hommage en faisant la reprise de sa chanson préférée. Je dois dire que j’étais assez confiante sur mes capacités à pouvoir chanter, ayant fait mes preuves dans plusieurs chorales. À sa mort donc, j’ai pris contact avec des musiciens et je suis entrée en studio. Peut-être était-ce mon ouverture spirituelle en ces moments de deuil ? Une chose est sûre, j’ai senti venir à moi l’inspiration d’écrire plusieurs chansons. D’une chanson au départ, je suis ressortie du studio avec un album de 8 titres. J’y ai découvert la joie et la guérison qui viennent quand on laisse le pouvoir de la musique nous reconstruire.
Puisque mon entrée dans la musique ne s’est pas faite dans un but de divertissement, la musique pour moi a donc un autre but. Je l’utilise pour guérir et éduquer les esprits et pour élever les consciences. Voilà comment je me suis retrouvée dans la musique et voilà pourquoi j’y reste !
Vous semblez avec A Sango A Mboa » qui signifie si je ne m’abuse patrie, retourner au creuset de votre culture pourquoi cette envie de visiter l’histoire de votre pays le Cameroun ?
Très jeune, j’ai quitté le Cameroun pour la France d’abord, puis la Norvège où je suis actuellement installée. Depuis quelques années, il est devenu de plus en plus impossible pour moi de rester aveugle et passive sur les abus qui sont faits en terres d’Afrique et sur la diabolisation volontaire du peuple Noir par les occidentaux dans tous leurs médias. Je me suis posée des questions « pourquoi ? comment ? » sur tous les maux que nous connaissons. J’en suis venue à la conclusion que je devais non seulement être le changement que je voudrais voir dans mon Afrique et chez le peuple Noirs, mais qu’aussi, je devrais apporter ma contribution pour notre relève qui pour moi passe par un réveil du sentiment de grandeur en chaque Africain dans un monde qui lui ment tous les jours en lui disant qu’il est ce qu’il n’est pas. J’ai voulu rappeler à son souvenir un grand homme, un héros, afin qu’il ait quelqu’un à qui s’identifier dans une Afrique en manque de bons modèles. Et aussi l’encourager à canaliser le « Duala Manga Bell » le « Sankara » qui sommeille en lui. Car, la reconstruction de notre continent exige l’apport de tous et de chacun.
« A SANGO’A MBOA » a également une valeur sentimentale pour moi, et je m’explique :
Mon père, qui était Sawa/Malimba, est mort alors que je n’avais que 4 ans. Je n’ai jamais pu apprendre ni sa langue, ni sa culture. Mais chaque fois que je chantais cette chanson, j’avais l’impression que si je me retournais, je le verrai derrière moi. Je sentais sa présence, heureux et fier de voir sa petite fille, devenue femme, rechercher ses racines et faire son retour auprès des siens.
Cette chanson est ma façon de repartir vers mon peuple Sawa et me reconnecter à lui. Mais aussi, par elle, je voudrais rappeler au peuple Camerounais qui semble avoir perdu ses repères faute d’avoir de vrais modèles, que nous avons toujours eu des héros ! Héros qui malheureusement ont payé de leurs vies à s’opposer à ces peuples qui veulent tout prendre à l’Afrique et aux africains ! Héros qui risquent de tomber dans l’oubli si nous ne ravivons pas leurs souvenirs et si nous n’enseignons pas leurs actions.
Vous vivez depuis en Norvège et vous faites partie de ce que l’on appelle communément la diaspora. Selon vous en quoi cette diaspora serait utile dans la résolution des crises que traversent actuellement votre continent d’origine ?
Je tiens à préciser que la « diaspora » étant composé d’êtres humains, il y en a des idiots, des écervelés, des irréfléchis mais heureusement des bâtisseurs également. Dans la diaspora, il y en a qui ont quitté leurs terres natales pour des raisons purement matérialistes et qui se sont énormément corrompus dans leurs intégrités Humaines sur leur chemin de la recherche d’un bonheur matériel. Heureusement il y en a aussi qui ont gardé leur grandeur d’esprit et n’ont pas fléchi le genou devant le dieu de ce monde. Avec des systèmes de pensées qui s’opposent au sein de la diaspora, nous ne pouvons donc pas nous attendre à une action unifiée de la diaspora. C’est ainsi dans ce monde ! Nous vivons dans un monde de dualité et d’opposition ! Et, selon le système de pensée