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Quand les premiers gangsters étaient blancs: la couleur du salut
New York, années 1930. Dans les quartiers populaires, les gamins d’ origine italienne, irlandaise ou juive s’ organisent en bandes. Ils se battent pour un coin de rue, pour un bar clandestin, pour le contrôle des machines à sous. Mais ces « mauvais garçons » ont un horizon: celui de la respectabilité. Car le système leur laisse des portes ouvertes. Les politiciens urbains, les syndicats et même les églises absorbent leur énergie brute. Le crime organisé devient une machine d’ intégration, paradoxalement: on“ travaille” pour la pègre avant de rejoindre un syndicat ou un commerce. Et lorsque le New Deal de Roosevelt arrive, les politiques sociales, les protections du travail et surtout les crédits immobiliers réservés aux quartiers blancs font le reste. Résultat: en une génération, beaucoup de ces anciens jeunes délinquants se fondent dans la classe moyenne blanche.
Les gangs blancs, eux, disparaissent presque du paysage. Non pas par vertu, mais parce qu’ ils ont trouvé mieux: la stabilité et la reconnaissance. Les Noirs, à la même époque, sont exclus du système bancaire, du marché immobilier, des emplois stables. Pour eux, pas d’ escalator social, mais un tapis roulant qui les ramène toujours au point de départ. Dans les faits, les programmes de financement du logement du New Deal, créés pour générer de l’ emploi pour les milliers de chômeurs pendant la Grande Dépression des années 1930, n’ ont pas bénéficié à tous de manière égale. Un système d’ évaluation des zones résidentielles a été mis en place, et le“ redlining”, une pratique discriminatoire, a délimité en rouge sur les cartes les zones où les prêts hypothécaires garantis par le gouvernement ne pouvaient pas être accordés. Ces critères d’ exclusion étaient basés sur les caractéristiques socio-économiques des quartiers et la présence de minorités, et non sur la solvabilité des habitants.
Flashmag! Edition 165 Octobre 2025
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