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Les murs qu’ on construit, les passerelles qu’ on détruit
L’ histoire des gangs américains n’ est pas une simple chronique de violence urbaine. C’ est le miroir de qui l’ État décide d’ aider, de tolérer ou d’ éliminer. Les gangsters blancs ont été intégrés; les gangs noirs ont été écrasés; les gangs latinos sont utilisés. Et chaque fois, derrière la répression ou la tolérance, il y a une politique: celle qui façonne la société en distribuant les secondes chances selon la couleur de peau, la loyauté politique ou la peur du moment qui permet de gagner les élections.
Le gangstérisme, en somme, est une ombre portée— l’ ombre des choix de l’ Amérique. Et tant qu’ elle n’ éclairera pas ses propres angles morts, les fantômes de ses tolérances sournoises continueront d’ écrire ses légendes. Tandis que le perdant de toujours reste la communauté noire qui une fois de plus est entrain d’ assister a la mobilité sociale d’ une frange de la communauté hispanique, malgré la rhétorique anti immigration de l’ heure, on peut affirmer que l’ Amérique ne dissimule pas sa violence— elle la codifie, la légalise et l’ habille d’ un uniforme.
Le bombardement des côtes vénézuéliennes sous l’ administration Trump, présenté comme une opération de sécurité ou de lutte contre le narcotrafic, incarne cette logique glaçante: une démonstration de force maquillée en devoir moral. Derrière les discours sur la souveraineté et la stabilité régionale, c’ est une haine géopolitique qui s’ exprime— celle qui vise les États rebelles, les gouvernements indociles, les peuples qui refusent de plier. Ce n’ est pas l’ ordre qui est imposé, mais une punition ritualisée, rendue légitime par le langage du droit et les silences diplomatiques. L’ Amérique ne nie pas sa haine: elle la transforme en frappe aérienne, en embargo, en décret. Et elle exige qu’ on l’ appelle justice.
Flashmag! Edition 165 Octobre 2025
Hubert Marlin Elingui Jr. Journaliste
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