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Los Angeles, 1992: quand la tolérance choisit sa couleur
Avril 1992. Los Angeles brûle. L’ acquittement des policiers responsables du passage à tabac de Rodney King déclenche six jours d’ émeutes. La ville révèle ses fractures: raciales, sociales, territoriales. Dans les ruines, une réorganisation silencieuse s’ opère. Les autorités californiennes, épuisées par les guerres des Bloods et des Crips, multiplient les arrestations massives. Les leaders noirs sont décimés. Le crack, devenu symbole du « ghetto », sert de prétexte à un déferlement carcéral. Mais pendant ce temps, d’ autres réseaux grandissent. Les gangs latinos, plus discrets, plus structurés, bénéficient d’ une forme de tolérance sélective. À l’ intérieur des prisons, la Mexican Mafia— La Eme— impose un ordre rigide et un système d’ impôts mafieux. Dehors, des organisations comme 18th Street ou Florencia 13 s’ étendent sur d’ anciens territoires noirs. Là où la police écrase, La Eme organise. Là où l’ État réprime, elle régule. Il ne s’ agit pas d’ un complot, mais d’ un glissement: les priorités policières, les alliances carcérales, les logiques démographiques transforment la carte du crime. En deux décennies, l’ économie souterraine de Los Angeles passe de noire à brune, pendant que la prison devient le véritable centre de gravité du système. La“ Guerre contre la Drogue” conduira à une croissance immense des affaires judiciaires et de la population carcérale, se concentrant souvent sur les petits dealers, qui étaient généralement de jeunes hommes noirs pauvres des centres-villes. En conséquence, la population carcérale a doublé en raison de l’ arrestation de dealers et de leurs clients. En 1989, un homme afro-américain sur quatre âgé de 20 à 29 ans était incarcéré, en probation ou en liberté conditionnelle, ce qui a contribué au taux d’ incarcération le plus élevé au monde.
Flashmag! Edition 165 Octobre 2025
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