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Son parcours dans le monde de l’ art débuta par un voyage à Dakar en 1995, au cours duquel elle rencontra le cinéaste légendaire Ousmane Sembène. Cette rencontre, ainsi que le climat intellectuel du Sénégal, s’ avérèrent déterminants. « Je me suis installée au Sénégal parce que je souhaitais évoluer dans un contexte qui me permettait de penser l’ art non pas comme quelque chose à justifier ou à expliquer, mais comme un langage », confia-t-elle un jour. Dakar devint alors son foyer, son laboratoire et sa scène.
RAW Material Company: un laboratoire de pensée
En 2008, Koyo Kouoh fonda le RAW Material Company, un centre dédié à l’ art, au savoir et à la société, situé à Dakar. « Je voulais véritablement réfléchir à l’ art, à la pratique artistique, et contribuer à en affirmer la valeur en tant que système de pensée autonome, mais aussi comme un mécanisme de participation à la culture visuelle, à la société et à la politique », expliquait-elle. L’ initiative, modeste à ses débuts et dépourvue de lieu fixe, s’ est progressivement développée pour devenir un ensemble structuré composé de galeries, d’ ateliers, de résidences, ainsi que d’ une bibliothèque richement dotée.
Pour Kouoh, RAW n’ a jamais été un simple espace d’ exposition: il s’ agissait d’ une véritable intervention curatoriale. Elle y remettait en question les structures héritées de l’ administration culturelle postcoloniale, notamment dans l’ Afrique francophone, où le contrôle centralisé de l’ État avait longtemps freiné la créativité indépendante. « Ma préoccupation, affirmait-elle, est de considérer la construction institutionnelle comme une pratique curatoriale en soi— de fonder des structures capables de survivre à leurs initiateurs et de soutenir durablement les professionnels, artistes, penseurs, écrivains et autres acteurs du champ culturel. »
Flashmag! Issue 161 June 2025
Les publications et les programmes de RAW reflétaient sa conviction que l’ art constitue un puissant vecteur de critique sociale et d’ engagement politique. Des monographies consacrées à des artistes sénégalais tels qu’ Issa Samb aux symposiums comme Condition Report, le travail de Kouoh visait à créer des archives et des discours ancrés sur le continent africain— non pas pour une validation extérieure, mais pour nourrir une réflexion intérieure.
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