C ' est ainsi qu ' au cours de son exploration afro-créative , il rencontre l ' auteur-compositeur-interprète Paul Simon . Impressionné par les qualités de percussionniste de Félix Sabal-Lecco , ce dernier lui demande de réenregistrer des morceaux pour son album de 1990 " e Rhythm of the Saints ", faisant de Félix un musicien recherché , même au détriment de ses projets personnels . Moins connu , pour son talent , Félix , depuis 2020 , était en train d ' adapter des mélodies françaises célèbres pour un album très attendu . De Bécaud à Aznavour , en passant par Jacques Dutronc , une quarantaine de classiques ont été réinterprétés et enrichis par le percussionniste audacieux qui n ' attendait que l ' impulsion d ' un label pour faire rayonner son talent . En 2020 , dans l ' émission L ' épopée des musiques noires présentée par Joe Farmer et Nathalie Laporte sur Rfi . Felix Sabal-Lecco , Féfé pour les intimes , revenait sur certains faits saillants de sa carrière .
Jonas Hellborg Lenny Kravitz Je Beck Joey , Omicil , etc . Quelle rencontre a été la plus marquante à vos yeux ? Elle commence par Manu Dibango . Manu Dibango , on le connaissait tous au Cameroun parce que , bon , c ' est notre Miles Davis à nous et , un beau jour , je travaillais au salon de la musique , pas en tant que batteur , en tant que nettoyeur de batterie et régleur de pots . Et Manu est arrivé au salon de la musique comme ça par hasard pour se balader et regarder les instruments . Il m ' a trouvé là en train de nettoyer du matériel parce que c ' était le boulot que je faisais à l ' époque avec mon frère et il nous a entendus , lorsque l ’ on profitait de jouer en même temps sur les instruments . Après , il nous a dit de passer boire un café pendant l ' émission Pollen de Jean-Louis Foulquier sur France Inter . Pendant l ' émission , il nous présente comme ses musiciens , pourtant on se connaissait seulement depuis quelques heures . Ça nous a flatté vraiment et c ' est comme ça que l ' aventure avec Manu a commencé . On s ' est tellement bien démerdé qu ’ il nous a en fait engagés après ça . On était un peu intimidé parce que c ' est quand même Manu Dibango . On a accepté et puis c ' est comme ça qu ' on a commencé vraiment une carrière internationale , je peux dire parce qu ’ avant ça , on ne faisait que les petits clubs à Paris , un peu en région parisienne . On jouait , on ne prenait pas l ' avion . Mais avec Manu , on a commencé à faire des grandes tournées . Les grosses tournées , les larges expositions dans le monde entier . La première tournée , c ' était en Allemagne . Après , on est allé à New York , après le Brésil .
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Flashmag ! Issue 149 April 2024
Donc voilà pourquoi c ' est un monsieur à qui je dois énormément . Je ne suis pas le seul , nous sommes plusieurs musiciens à devoir à Manu Dibango . Comme je t ' ai expliqué tout , Manu n ' est pas quelqu ' un qui s ' assied , et puis il se contente de jouer là , mais il aime qu ' on le taquine un peu . Ouais , sinon , si tu ne taquines pas Manu , lui , il va te taquiner et puis là , il peut se passer beaucoup de choses . Il aime le challenge . Donc , nous , on n ' a jamais laissé Manu tranquille . Mais finalement , il a adoré ça et c ' est pour ça que mon frère et moi , Manu , nous adorait . Avant de devenir le batteur que tout le monde réclame . J ' imagine qu ' il y a eu des périodes de vaches maigres .
C ' est vrai que ouais , j ' ai connu comme tout le monde . Dans la musique , quelque part , chacun de nous traverse des périodes comme ça . Moi , je connais plein de mes amis que j ' allais retrouver le soir dans les bancs publics . On vivait à Paris ; on dormait sur les bancs publics et on prenait nos douches dans les bains publics . La musique , ce n ' était vraiment pas encore l ' objectif . On essaye d ' abord de survivre et puis , quand on a commencé à faire de la musique , c ' était même très di cile parce qu ' on n ' arrivait pas à gagner notre vie avec ça . Donc , je faisais des clopinettes un peu pour qu ' on se fasse voir déjà , c ' était déjà beaucoup .
Et comment parvient-on à approcher ces idoles quand on ne fait pas encore partie de la famille des musiciens internationaux ?
Alors , il y a beaucoup d ' audace et puis du courage , et être franc aussi . Et franchement , il faut savoir ce que l ’ on veut . Quand on est jeune , on se pose moins de questions . Et moi , j ' étais un peu comme ça , là . Un jour , J ' ai demandé , je me rappelle . J ' ai demandé à Billy Cobham , un batteur immense de jazz , si on pouvait faire une collaboration . À la sortie de son concert , je lui demande : « Ça t ' intéresserait qu ' on fasse un petit duo ensemble , et tout ? Et puis il me dit ouais , ouais , mais pourquoi pas avec plaisir ? Mes copains à côté étaient en train de me regarder après , l ' air presque farouche . En me disant : « Mais tu t ' es entendu parler , mais tu ne sais pas jouer et tu vas demander un duo avec Billy Cobham ? » Je me suis rendue compte qu ' e ectivement , ce n ’ est pas que je ne savais pas jouer , mais c ' est-à-dire que j ' avais peut-être 5,6 ans