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Bonjour Priscilla , Flashmag est ravie de vous avoir dans ses pages pour une aparté qui nous apprendra à mieux connaitre la femme de médias que vous êtes . Vous avez passé des années à interviewer des grandes figures de notre époque . Aujourd ’ hui , vous êtes sur le siège de l ’ interviewé . Cela vous parait-il étrange ?
Priscilla Wolmer : Se retrouver sur le siège de l ’ interviewée est une expérience différente , mais pas forcément étrange . Flashmag : Qu ’ est-ce qui vous a amené aux médias ?
Priscilla Wolmer : Une Licence en Information et Communication , suivie d ’ un Master spécialisé en Management des Médias et du Numérique à SciencesPo Paris , puis d ’ un MBA en Web Marketing et Communication Digitale . Mon parcours m ’ a ensuite menée chez Endemol , puis chez M6 ( Studio 89 ), où je dénichais des talents pour des émissions de télé-réalité . Cette immersion dans l ’ univers du divertissement m ’ a vite fait réaliser que ce n ’ était pas ma véritable vocation . J ’ aspirais à quelque chose de plus grand , de plus impactant : une carrière où l ’ information occuperait une place centrale plutôt qu ’ une carrière où l ’ on exploite la misère sociale des candidats qui rêvent de devenir « star ». Flashmag : Vous avez suivi un parcours atypique ou bien cela a juste été un coup du destin ?
Priscilla Wolmer : On pourrait dire que c ’ est un mélange des deux . Mon parcours s ’ est construit de manière progressive , guidé par ma curiosité et mon envie de comprendre les rouages des médias sous différents angles . Ce n ’ était pas un coup du destin au sens strict , mais plutôt une prise de conscience au fil des expériences . Chaque étape m ’ a apporté des compétences précieuses et m ’ a permis d ’ affiner ma vision . Finalement , c ’ est cette diversité d ’ expériences qui m ’ a menée là où je suis aujourd ’ hui .
Flashmag : Enfant , pensiez-vous faire carrière dans les médias ? Priscilla Wolmer : Enfant , je n ’ avais pas nécessairement en tête une carrière dans les médias , mais je savais déjà que je voulais être une voix , un moyen de partager des idées et de contribuer à une réflexion plus large . Cette citation de George Orwell résonne profondément en moi , car elle capture l ’ essence même de ce qui m ’ a attirée dans le journalisme et les médias : « la liberté de dire ce qui doit être dit , même quand ce n ’ est pas ce que l ’ on veut entendre . »
Les médias ont ce pouvoir de bousculer , de faire réfléchir , de déranger parfois . J ’ ai toujours été fascinée par cette capacité à aborder des sujets qui sont parfois inconfortables , mais nécessaires pour faire avancer la société . C ’ est ce qui m ’ a poussée vers ce métier , avec la conviction que l ’ information doit être un outil de liberté , non un moyen de confort .
Flashmag : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a poussé à vous engager dans la création des médias et la communication entre l ’ Europe , l ’ Afrique et les Caraïbes ?
Priscilla Wolmer : Après mon expérience chez M6 , où j ’ étais entourée majoritairement de jeunes issus d ’ une élite blanche , j ’ ai rapidement compris que ma place au fond du couloir reflétait parfaitement la place qui était accordée aux personnes noires , arabes et métisses dans la société française et européenne . Cette réalité m ’ a profondément dérangée et j ’ ai décidé qu ’ il était temps de faire les choses autrement .
Flashmag : Pourquoi aviez-vous pensé qu ’ il était important de créer vos propres médias au lieu de travailler pour les autres ?
Priscilla Wolmer : En 2009 , j ’ ai fondé AFRICA DIGI- TAL POWER , une agence qui me ressemble et incarne ma vision d ’ un monde plus inclusif . Depuis l ’ an dernier , ma partenaire nigériane , Anne Welsh , basée à Londres , m ’ a rejoint dans cette aventure . Ensemble , nous avons bâti une plateforme dédiée à la communication entre l ’ Europe , l ’ Afrique et les Caraïbes . Puis , en 2012 , après avoir couvert le 17e sommet de l ’ Union africaine , dont le thème était « Accélérer l ’ autonomisation des jeunes pour un développement durable », j ’ ai pris conscience de l ’ urgence de créer un espace médiatique capable de donner la parole aux populations sous-représentées . Ce sommet , présidé par Teodoro Nguema Obiang Mbasogo , alors président en exercice de l ’ UA et chef d ’ État de Guinée équatoriale , a marqué un tournant : il symbolisait la volonté des dirigeants africains de renforcer la participation des jeunes au développement économique , social et politique du continent . Inspirée par cette dynamique , j ’ ai décidé de lancer mon propre média , d ’ abord sous le nom AFRICA 54 , avant qu ’ il ne devienne 54 ÉTATS . Le discours du président Obiang , l ’ un des derniers grands panafricanistes du continent , était d ’ une rare puissance .
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Flashmag ! Issue 158 March 2025