Flashmag Digizine Edition Issue 95 July 2019 | Page 37

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Regina Hall avec son prix lors du Festival insternational du film de Seattle

concilier avec mes ancêtres afin qu’ils m’aident à durer dans le temps. Il faut faire une distinction entre ma famille et ma profession. Mes ancêtres m’ont toujours soutenu dans toutes les situations. Il m’a fallu un temps de maturation pour comprendre certaines choses. Il y a un aspect visible et invisible dans notre culture que l’on ne maitrise qu’avec le temps. Voilà.

Avec le temps votre famille a-t-elle compris que cela était votre voie ? quels sont vos rapports actuellement avec ceux qui s’étaient opposés avant à votre aventure artistique ?

Oui cela a beaucoup évolué, après ils ont compris. En fait dans ma famille quand j’étais enfants, ils ont eu tous peur de mon énergie, car ils avaient du mal à la contrôler j’avais une certaine liberté de m’exprimer quand je devais danser chanter. En fait j’ai été incomprise au départ car j’étais un peu spéciale. C’est pourquoi dans mon œuvre je prône la tolérance de la différence. Quand je me suis enfui et qu’ils voyaient mes œuvres, forcement cela a aidé à leur faire comprendre que c’était ma voie. Et que j’étais sur terre pour porter un message. Ils étaient très contents quand j’ai décidé d’aller m’installer au Mali en 2012. Ils ont compris que je suis en mission c’est plus fort qu’eux c’est plus fort que moi-même. Je dois pérenniser l’histoire de la culture malienne que des notables aînés ont Commencé Ali Farka Touré, Salif Keita, Oumou Sangaré, Rokia Traoré, et bien d’autres.

Entre 2002 et 2008 vous faites exclusivement le théâtre avec la compagnie de théâtre Royal de Luxe ; de Jean-Luc Courcoult que représente ce moment pour vous ?

Cela été très formateur pour moi une très grande école, je crois beaucoup au destin je pense Dieu a tout fait pour me mettre sur une certaine trajectoire. Le théâtre m’a montré à quel point il fallait respecter son travail. J’ai appris la rigueur dans le processus de création artistique. J’ai compris à quel point il fallait se donner à fond dans son travail, si on voulait avoir des résultats positifs. Je répétais du matin au soir nous nous produisons dans la rue souvent en plein air même quand il commençait

à pleuvoir et que le public s’en allait, on finissait toujours nos pièces. Je venais de l’Afrique je jouais dans le froid ce n’était pas facile mais j’ai persévéré, je n’ai rien lâché. Ça été l’école, à l’état brut je ne suis pas aller à l’école pour être comédienne, j’ai tout appris sur le tas le chant, jouer aux instruments ; tout je l’ai appris sur le tas. Et j’ai eu la chance de rencontrer des metteurs en scène de talent comme Sotigui Kouyaté ou Jean-Luc Courcoult. Aujourd’hui beaucoup de gens me demandent comment je fais pour tenir. Ils ne comprennent pas, par ce qu’ils ne sont pas passé le chemin que j’ai parcouru. Je peux jouer aujourd’hui à Rio et être le lendemain à Paris et garder le sourire pour mon public, par ce que je suis passé par le théâtre là où la nature fait partie des éléments de l’art.

La musique, cependant vous ne la lâchez pas vraiment car on vous verra contribuer aux projets des artistes de renommée mondiale comme Cheick Tidiane Seck, Oumou Sangaré, AfroCubism, Dee Dee Bridgewater (Red Earth : A Malian Journey), l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, ou Herbie Hancock avec Imagine Project qui sera primé aux Grammy comment ces expériences vous ont influencés ?

Ça été très formateur aussi ces rencontres, d’ailleurs on est en train d’enregistrer le second album-là, et vous verrez que toutes ces rencontres m’ont influencé. Toutes ces expériences m’aident à mieux exprimer la musique traditionnelle. Je viens d’une région « pentatonique » (musique avec gamme composée de 5 notes très usuelle, car la limitation des notes permet son application dans plusieurs genres) Je garde la racine du Wassoulou, un type de chant et de rythme qui viens de ma région d’origine, que j’applique à plusieurs autres contextes musicaux. Alors c’est un partage un échange musical avec les autres genres qui permet un enrichissement mutuel. Inconsciemment nous sommes les gardiens de notre culture. Et tous ces grands artistes ont beaucoup de sensibilité et forcement on se comprend facilement. Car ils comprennent qu’ok cette jeune femme fait partie de la famille, on l’appelle par ce qu’on sait qu’elle est dans la même cour. Vous savez on se reconnait entre