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Nneka : bien sûr être née au Nigeria a défini le type de personne que je suis aujourd'hui, aussi cela m'a donné une meilleure idée de qui je suis, comme personne, comme Nigériane comme femme, et aussi à cause du fait que je suis née dans une zone où il y a une importante exploitation pétrolière, avec ce que cela inclut, comme troubles sociaux et environnementaux, car en fin de comptes les populations riveraines ne reçoivent rien en retour sinon des méfaits liés à la pollution. Ce genre de situation d’injustice manifeste m'a donné l’envie d’en parler, car cela me concerne en tant que personne, et en tant qu’une enfant qui a été élevée dans cet endroit, cela a laissé des mémoires assez vivaces dans mon esprit.
Vous êtes arrivé en Allemagne à 19 ans pour étudier l'anthropologie à l'Université de Hambourg en dépit d'être une bonne élève, pourquoi avez-vous choisi de mettre l'accent sur votre musique ?
Premièrement à propos, je n’étais pas venu, en Allemagne pour étudier, à un certain moment, j’ai dû fuir le Nigeria. Je ne l’avais pas vraiment planifié à l’avance ; la situation politique n’était pas si terrible à l'époque, en plus de la violence religieuse qui déjà faisait des ravages.
La musique a toujours fait partie de ma vie je la faisais avant même mes études universitaires, cela faisait partie de mon passe-temps favori, et à un certain point je voulais explorer plus sur ce sujet, je voulais garder le secret aussi, mais simplement la situation a évolué naturellement, quand j’étais étudiante, en plus de la musique, j’ai dû jongler entre deux ou trois emplois en même temps, et bien sûr la musique était également un emploi à temps partiel qui m’aidait à payer mes factures d’école; parce que je n’avais personne pour me soutenir. Je ne voulais pas non plus emprunter de l'argent auprès des banques ou de l'état, parce que quand vous avez choisi d'emprunter, vous aurez à rembourser toute votre vie. J’ai utilisé la musique pour financer mes études.
A quel moment dans votre vie, vous vous êtes dit que la musique était votre vocation et comment a été la réaction de vos proches connaissances, et de la famille envers ce choix ?
Je n’ai jamais pris cette décision, j’ai fini mes études en premier, en outre j’exerce toujours la profession d'anthropologue, archéologue, je ne suis pas seulement musicienne, je fais de la recherche scientifique aussi, je ne peux pas faire que la musique.
Donc, la musique vous aide en quelque sorte, à vous réaliser sur d’autres domaines dans votre vie ?
Certainement
Au moment où vous étiez devenu quelqu'un de remarqué dans la scène de la musique quel était la réaction de votre famille ?
Ma famille n'a jamais vraiment fait partie de mon éducation supérieure, de ma vie universitaire, j’étais vraiment indépendante. Après avoir passé plus de 3 ans en Allemagne c’est alors que j’ai décidé de retourner au Nigeria voir mon père, j’étais encore étudiante et même après quand j’ai fini mes études, je suis toujours retournée au pays. Faire la musique m’a permis de mieux me connecter à mon père et à ma famille, parce qu'à un certain point il y avait une rupture due à l’absence de près de quatre années, je pense que cela en quelque sorte nous a remis ensemble. Je pense en tout cas qu'il est aussi fier de ce que j’ai fait en utilisant la musique, non seulement comme un moyen de divertir, mais aussi de sensibilisation sur certaines questions cruciales. Je pense que vous en tant qu'Africain comme moi ; je suis sûr que vous pouvez mieux comprendre cela.