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Les algorithmes prédisent vos passions avant que vous ne les ressentiez et les comblent avec des divertissements calibrés pour neutraliser la colère. La surveillance est intégrée: implants volontaires pour le paiement instantané, assistants domestiques qui écoutent « pour optimiser le bien‐être », capteurs urbains qui anonymisent les foules tout en croisant leurs parcours. La coercition morale remplace la répression physique: la honte devient un moyen d’ exclusion plus efficace que la prison. Les réformes sont vendues comme des « protections », les lois liberticides comme des « mises à jour sécuritaires ».
Ceux qui protestent voient leur visibilité sociale s’ éteindre progressivement, rendus invisibles par l’ érosion algorithmique de leur présence. En plus clair, quand on proteste, ce n’ est pas un policier qui vous arrête, mais un algorithme qui vous efface.
Les Zones d’ Ombre
Mais la contre‐histoire prend racine dans les marges. On la trouve d’ abord dans les anciennes zones industrielles reconverties en décharges urbaines, dans les tunnels du métro que les ondes officielles n’ atteignent pas, et dans les villages oubliés où le réseau n’ a jamais totalement pénétré. Là, des collectifs hétéroclites se forment: hackers aux doigts tachés de café, enseignantes licenciées qui recyclent les savoirs interdits, artistes qui tissent des images subversives, parents qui cachent des livres imprimés pour leurs enfants. Leur manifeste n’ est pas un texte unique mais une mosaïque d’ actes— sabotage des nœuds de données, émissions radio en modulation analogique, pantomimes publiques qui transforment les panneaux d’ affichage en poèmes de résistance.
Flashmag! Edition 166 Novembre 2025
Les Milléniaux, furent témoins de la dernière époque libre, alors que les Gen Z, naquirent dans la Matrice mais devinrent capables pour certains d’ en percevoir les fondements inhumains et de s’ en offusquer. Leurs objectifs la normalité: créer des zones sans écrans, inventer des protocoles libres, réapprendre à penser sans filtres.
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