12
Ces traumatismes historiques contribuent à la réticence actuelle de la Russie à intervenir militairement de manière extensive. Par exemple, son intervention en Syrie, initiée en septembre 2015, visait principalement à soutenir le régime de Bachar el-Assad et à sécuriser ses acquis stratégiques, notamment les bases navale de Tartous et aérienne de Hmeimim. Malgré la chute récente du régime d’ Assad, la Russie, déjà engagée dans la guerre en Ukraine, n’ a pu faire que très peu pour le sauver, priorisant ses ressources militaires et diplomatiques pour ce conflit majeur. De même, dans le récent conflit entre l’ Iran et Israël, la Russie, tout comme la Chine, n’ est pas intervenue directement, contrastant avec les frappes aériennes américaines sur l’ Iran.
Flashmag! Issue 162 July 2025
L’ Iran, de son côté, porte les cicatrices profondes de la guerre Iran-Irak( 1980-1988), un conflit qui a engendré des millions de victimes et des destructions massives, forgeant une mémoire nationale des horreurs de la guerre. Pour de nombreux Iraniens qui ont vécu cette guerre, les frappes récentes ont ravivé les souvenirs traumatisants des bombardements sur Téhéran. Ce conflit, qui a opposé l’ Iran religieux à l’ Irak laïc, a été une“ guerre sale” avec peu d’ images et de références( Gaïdz Minassian, 2013). Des milliers de soldats iraniens adolescents étaient envoyés au front, certains avec une petite clé au cou censée leur ouvrir le paradis( 2018). Cette pratique, bien que réfutée par d’ anciens combattants comme une invention des médias occidentaux, symbolise la manipulation de la foi dans la mobilisation pour le martyre( 2018). L’ Iran a subi un coût énorme, avec environ un million de victimes, l’ utilisation d’ armes chimiques et la mort d’ adolescents. Le coût économique de la reconstruction a été estimé à 300 milliards de dollars. Cette expérience a conduit l’ Iran à adopter une“ diplomatie de nuisance”, utilisant des leviers non conventionnels face à ses adversaires. La population iranienne, en général, ne souhaite pas la guerre, et de nombreux Iraniens sont parfois en colère contre leur gouvernement pour son incapacité à protéger les civils lors
12