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Son influence s’ est étendue sur plusieurs générations, à travers le mentorat de jeunes commissaires, la création de plateformes de discours critique, et l’ affirmation du rôle central— et non périphérique— des artistes et intellectuels africains au sein des récits culturels mondiaux. Comme elle le formula un jour avec force: « Nous ne demandons plus la permission d’ exister. Nous construisons nos propres maisons. »
Elle conclut son long entretien avec Lloyd Wise, rédacteur en chef exécutif d’ Artforum, en 2016, en abordant la question de l’ image de l’ Afrique et du rapport à la réussite personnelle. Elle déclara:
« La manière dont l’ Afrique a été— et continue d’ être— représentée dans les médias est extrêmement négative, et au sein de la classe créative, il existe une volonté forte de corriger cela. Pendant longtemps, j’ ai eu le sentiment que nous parlions toujours à d’ autres, répétant sans cesse:‘ Regardez-nous, nous sommes capables de faire cela, nous en sommes capables.’ Je nomme cela le‘ syndrome du premier et du seul’. C’ est-à-dire que chaque fois qu’ un Africain accomplit quelque chose, on entend qu’ il est le seul Africain, ou le premier Africain, ou la seule Africaine, ou la première Africaine à l’ avoir fait. C’ est toujours présenté comme extraordinaire.
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Aujourd’ hui, ce‘ syndrome du premier et du seul’ est enfin remis en question en tant que récit. Et cela, je crois, constitue un changement majeur. Cela signifie que nous parlons désormais entre nous— là où les vraies conversations peuvent enfin commencer. »
Koyo Kouoh laisse derrière elle son époux, Philippe Mall, et leurs quatre enfants. Mais surtout, elle laisse en héritage les institutions qu’ elle a bâties, les artistes qu’ elle a mis en lumière, et l’ avenir qu’ elle a eu le courage d’ imaginer

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