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Flashmag! Issue 167 December 2025
Sarah Washington, à 67 ans, était devenue une figure centrale de cette résistance. Elle animait des ateliers dans des églises, des centres communautaires, des sous-sols, apportant des photocopies, des scans, des témoignages. Ils peuvent contrôler les écoles et les musées, mais ils ne peuvent pas contrôler la mémoire vivante. Tant que nous racontons, l’ histoire survit.
Acte V: 2040— Le Pays de l’ Ombre Blanche L’ effacement complet
Quinze ans après le début du projet, l’ Amérique ne se reconnaissait plus. L’ histoire officielle était devenue une histoire blanche, lisse, sans contradictions. Les contributions des minorités avaient été réduites à des notes de bas de page— présentes techniquement, mais invisibles. Mais l’ effacement ne s’ était pas arrêté là. Il avait construit une architecture complète: Premier pilier: La diabolisation culturelle. La culture noire américaine— qui avait donné au monde le jazz, le blues, le hip-hop— était maintenant présentée comme un“ ensauvagement”, une“ glorification de la violence”. L’ ironie était cruelle: pendant des décennies, l’ establishment blanc de l’ industrie musicale avait précisément encouragé et financé les aspects les plus violents de cette culture. Les maisons de disques avaient formaté le gangsta rap comme produit commercial, avaient transformé la souffrance des ghettos en divertissement. Maintenant, ce même establishment utilisait ces images— qu’ il avait créées— comme preuve de l’” incivilité” de la culture noire. Deuxième pilier: Les sportifs“ ingrats”. Les grands athlètes noirs furent soumis à un narratif venimeux: ils avaient reçu des fortunes, et qu’ avaient-ils fait? Ils avaient dilapidé leur argent dans des“ futilités”, n’ avaient“ rien fait pour leurs communautés”. On oubliait commodément les fondations créées, les bourses financées, les programmes soutenus. On ignorait les écoles de LeBron James, les initiatives de Michael Jordan, les innombrables investissements communautaires. Le message était simple:“ On leur a tout donné, ils ont tout gaspillé.” Troisième pilier: Le vol intellectuel. Les scientifiques et chercheurs noirs se heurtaient à un système conçu pour les effacer. Les subventions devenaient impossibles à obtenir. Les découvertes étaient“ réattribuées”.
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