Tshala Muana , de son vrai nom Elisabeth Muana Muidikayi , naquit le 13 mai 1958 à Lubumbashi , alors partie du Congo belge , aujourd ' hui République démocratique du Congo . Elle était la deuxième des dix enfants d ' Amadeus Muidikayi , un soldat , et d ' Alphonsine Bambiwa Tumba , une femme au foyer En 1964 , alors que Muana Muidikayi avait 6 ans , son père a été assassiné . Elle a été élevée par sa mère , décédée en 2005 . Comme écrivait le magazine Jeune Afrique dans un article célébrant sa mémoire , Elle faisait partie , avec M ’ Bilia Bell et Barbara Kanam , des dernières gardiennes du temple de la rumba et d ’ un certain folklore congolais . Citant Ossinonde et André Yoka Lye , respectivement chroniqueur musical et professeur à l ’ Institut national des Arts de Kinshasa qui l ’ ont connu alors qu ’ elle était entrain d ’ écrire sa légende dans les années 80 . Le magazine panafricain écrit : « Mais c ’ est lorsqu ’ elle a rejoint la Société des auteurs compositeurs de la République du Congo , dont j ’ étais l ’ un des chargés de mission , que je l ’ ai vraiment approchée : véritable lionne sur scène , elle n ’ était que douceur et humilité lorsqu ’ on la côtoyait , précise André Yoka Lye . Beaucoup se remémore encore ce clip qui animait les soirées dans les télévisions africaines Tshala Muana , sanglée dans une tenue la moulant al perfection chantant l ’ un de ses titres fétiches cicatrice d ’ amour devant un parterre de hautes personnalités africaines . Tshala Muana comme une féline sur scène enchaîne les mouvements du bassin , audacieux devant les chefs d ’ États et de gouvernements de la CEAO et de l ’ UMOA organisé à Yamoussoukro , la capitale politique ivoirienne . La scène , filmée en décembre 1982 illustrait autant l ’ ascension irréversible dans les charts africains de la chanteuse zaïroise qui fera connaitre le mutuashi de son Kasaï natal au 4 coins du monde . Tshala Muana sortira vraiment de l ’ ombre quelques temps avant cette prestation lorsqu ’ elle participe à La Nuit des stars à Abidjan aux côtés des très populaires Ernesto Djedje et Jimmy Hyacinthe .
C ’ est en se produisant pour ce dernier en " vedette américaine " – comme on le disait à l ’ époque des premières parties – qu ’ elle était tout à coup sortie de l ’ ombre en août 1981 . " Les déhanchements voluptueux , le roulis suggestif de ses fesses et de ses abdominaux électrisent la salle . On n ’ a encore jamais vu cela ici ", décrivait le magazine Jeune Afrique . Tshala Muana o ciellement commencera sa carrière en 1977 . Elle commence une vie de pérégrination artistique qui l ’ emmène , en Côte d ’ Ivoire , en provenance du Nigeria , après un séjour en Centrafrique où elle avait commencé son périple après avoir décidé de quitter les bords du fleuve Congo et sa capitale Kinshasa . Là-bas , la native d ’ Elisabethville ( aujourd ’ hui Lubumbashi ) avait tenté sa chance en tant que danseuse d ’ abord lors des manifestations o cielles du pouvoir , pour ce qu ’ elle appelait " la danse révolutionnaire ", puis au service de di érents artistes : Tabu Ley Rochereau , Franco mais surtout les chanteuses M ’ Pongo Love et Abeti Masikini , deux figures féminines de la rumba . Elle fait aussi un passage dans l ’ orchestre Minzoto Wella-Wella supervisé par un atypique religieux belge surnommé Père Bu alo , ainsi qu ’ auprès de Rachid King ( auquel elle empruntera plus tard la chanson Zaïre ). Prendre le micro la tente , mais des quelque 45 tours qu ’ elle dit avoir enregistrés à cette époque-là , aucune trace . " Quand j ’ ai commencé à chanter au Zaïre , je l ’ ai fait avec une robe longue , sans danser , mais ça n ’ intéressait pas les gens ", reconnaissait-elle en 1987 dans le magazine Calao distribué dans les centres culturels français . À Abidjan , elle décide donc de conjuguer les deux . E et immédiat ! Fille de danseuse traditionnelle , elle explique n ’ avoir rien fait d ’ autre que s ’ emparer du folklore de chez elle , présent sur la face B de son premier maxi 45 tours pour lequel elle s ’ est rendue à Paris . Le succès commercial immédiat trouve un écho particulier – et massif ! – dans la presse locale : " La vedette qui dérange ", titre l ’ hebdomadaire Ivoire Dimanche en octobre 1982 , considérant que la Zaïroise " chante de façon acceptable et danse merveilleusement bien ".
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Flashmag ! Issue 136 December 2022