Flashmag Digizine Edition Issue 93 May 2019 | Page 26

Une question qui revient toujours le secret de la longévité de Kassav qu’est-ce que c’est ?

Bah, un bon casting. On a choisi des gens non seulement qui pouvaient nous apporter quelque chose au niveau musical mais aussi des gens souvent au caractère avenant, pour la cohésion du groupe. On n’avait pas besoin de se compliquer la vie avec des gens difficiles.

Il n’est pas évident de choisir un instant clé dans une si longue vibrante carrière mais s’il fallait citer l’un de vos meilleurs et l’un de vos pires moments, avec Kassav lesquels seraient-ils ?

Le pire des moments c’est sans doute quand Patrice St Eloi est mort. Le meilleur sans doute notre premier concert au Zenith, notre première tournée en Afrique.

Vous avez joué en Amérique latine au Etats-Unis et en Afrique des centres névralgiques de la culture noire. Aujourd’hui après 40 ans et plus de carrière musicale qu’est-ce que cela vous fait de savoir que vous avez contribué à votre juste mesure au rapprochement des peuples en mettant en vitrine la culture noire dans le monde ?

C’est un peu pour ça que l’on fait de la musique. Rapprocher les gens d’horizons divers. On ne fait pas de la musique pour l’écouter tout seul, mais pour les gens. Quand on fait de la musique, les gens vous écoutent et cela leur permet de vous connaitre un peu plus, et probablement d’échanger avec vous. La musique est une espèce de pont culturelle. Quand notre musique rapproche les gens on est content on se dit on ne l’a pas fait pour rien.

Quoi qu’il en soit vous avez réussi à mettre en vitrine la Guadeloupe et la Martinique et le Zouk bien sûr.

Tout à fait.

C’est vrai Kassav c’est aussi avant tout la résultante d’un effort musical séculaire vu vos influences. Mais vous êtes-vous déjà posé la question de savoir si Kassav n’avait pas existé que serait la musique Afro Caribéenne ?

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Bon, je pense il y aurait eu autre chose je suppose. Vous savez il y a plein de gens qui sont passés qui sont partis. Donc si ce n’était pas nous, ça aurait été quelqu’un d’autre.

L’une de vos plus grande base de fans reste l’Afrique, et certains musiciens africains comme Douglas Mbida ont longtemps fait partie de votre effectif. A l’aune de votre music vous avez conquis le public africain, à votre avis pourquoi l’Afrique vous aime tant ?

Bah, c’est simple. Par ce qu’on est africain. Et que la musique qu’on fait, ils se reconnaissent dedans. C’est la réponse la plus évidente. On a beau inventer d’autres choses, on peut en discuter des heures, mais à la fin les antillais sont des africains qui à cause de l’histoire que l’on connait vivent en dehors de l’Afrique.

Vous avez parlé de Coupé Cloué tout à l’heure, tous ces gens sont très bien connus en Afrique pour les mêmes raisons. Et d’ailleurs pareillement les artistes africains sont très bien appréciés dans les caraïbes.

Pour ceux qui ne le savent pas à titre personnel, une partie de votre enfance vous l’avez passé au Sénégal où votre mère vous offert votre première guitare.

Il y a désormais un musée réservé au Zouk en Angola, je sais il vous est arrivé de donner des cours magistraux dans les universités, je me souviens que Jocelyne Beroard a donné des cours à Cornell University ici aux USA. C’est vrai on ne peut pas tout vous demander mais avez-vous déjà pensé à créer une académie du zouk afin que les jeunes générations s’en inspire pour continuer l’aventure ?

Non, quand on est musicien ça ne veut pas dire que l’on est aussi charpentier, ou plombier. Il y a des gens qui sont assez mégalos pour faire tout seul presque tout mais bon si ça marche tant mieux. Nous on essaye de faire ce que l’on sait faire, bien. Bon on a déjà créé un musée du Zouk, tant mieux si on peut leur donner un coup de main de temps en temps parfait mais ce n’est pas notre métier.

Si on créait un département de musique Zouk à la Sorbonne iriez-vous donner des cours ?