Vous êtes actuellement en tournée, une tournée que vous avez tout simplement intitulée Ella. Jusqu’ 'à présent, comment a été la réception de cet album?
La réception est très bonne, les gens semblent de plus en plus se nourrir avec quelque chose de positif spécialement avec ce qui se passe dans le monde, et spécialement ici dans notre pays. Les gens aiment Ella, nous avons donc une assez bonne réponse lorsque nous jouons. Je suis actuellement en tournée avec Ella mais aussi avec le quatuor et nous jouons aussi de la musique des albums précédents
La musique jazz a franchi la frontière si loin qu’elle n’appartient plus à ses pères fondateurs des Caraïbes et les créoles de la Louisiane et à ses pionniers célèbres comme Duke Ellington ou Louis Armstrong, comment voyez-vous l’avenir de cette musique?
Eh bien, vous ne pouvez pas nier l'histoire de cette musique, si vous voulez la jouer et la comprendre, vous devez connaître ses origines. Je sais que, comme partout, les gens essaient d’effacer l’histoire, mais avec le Jazz, si vous ne connaissez pas son histoire, vous ne pourrez aller nulle part. Si vous ne respectez pas le passé, vous ferez des erreurs. Je ne peux pas savoir avec certitude où cela ira, mais je sais que cela va continuer d’évoluer en prenant des langues différentes. Je ne pense pas que ce sera seulement une chose, car vous avez tellement de musiciens qui apportent leur touche spéciale, il y a tellement de styles qui attirent les gens. Je pense que le Jazz va continuer à croître et à évoluer.
Alors que nous terminons cet entretien , avez-vous une question que vous voudriez que je vous pose?
Oui, à part jouer de la musique et enseigner, qu’est-ce que je fais d’autre ? Eh bien, j'ai une passion de travailler avec des patients plus âgés ou en phase terminale. Je découvre cette passion lorsque ma mère était en transit en 2005. Et je remarque que dans les hôpitaux, beaucoup de vieilles personnes malades n’avaient personne avec elles pendant cette période cruciale de leurs derniers jours.
De plus, quand ma mère ne pouvait plus parler, je jouais simplement de la musique, parfois je mettais un disque et je voyais que ses signes vitaux s’affolaient. Ce n'était pas une bonne chose, alors je changeais de disque. Je pensais qu'il y avait un moyen de communiquer et de l’affecter par la musique. Après sa mort, j’ai suivi un cours de musicothérapie en ligne à l’université de Western Michigan. Mais j’ai dû me rendre sur le campus pour voir des musicothérapeutes, que j’ai suivi dans leur cheminement, et j’ai compris combien il était important d’aider les gens dans leur moment de transition, et à quel point la musique pouvait être puissante. Il y a des cultures qui ont toujours utilisé la musique dans tous les compartiments de leur vie, ici nous découvrons à peine ce pouvoir de la musique.
Certains disent que une vie sans cause, est une vie sans effet, comment voulez-vous que votre existence ait un impact sur le monde?
Je veux faire la différence. Certaines personnes peuvent influer sur le monde à plus grande échelle et d'autres, à moindre échelle. Mais ce qui compte vraiment, ce n'est pas le nombre mais l'effet positif. Ce que j’espère, quand je serai parti, c’est d’avoir aidé certaines personnes à avoir confiance en elles-mêmes, les aider pendant des périodes difficiles, faire en sorte qu’elles se sentent bien avec ma musique. En fin de compte, nous sommes des êtres humains. Nous avons tous besoin d’être édifiés les uns par les autres, et j’espère pouvoir faire la différence, même si c’est pour une seule personne.
Regina Carter Flashmag et ses lecteurs vous remercient pour cette conversation ouverte.
Propos recueillis par Hubert Marlin
Journaliste
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