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, a souvent par sa présence apporté ce zeste de présence africaine dans la conscience de ceux qui l’ont vu jouer car en 30 ans il aura grandement influencé le style de l’icône de la musique américaine qu’est Paul Simon. Malgré sa fidélité au contrat qu’il avait avec Simon, il ne manquait pas d’ambition pour mettre son savoir à la disposition des nouvelles générations. En dehors des milliers de personnes à qui il a souvent prodigué des conseils, offrant souvent le gite et le couvert à ceux qui débarquaient esseulés dans cette l’Amérique qui sait se rendre hostile aux émigrés , le grand frère comme l’appelait affectueusement les membres de la communauté camerounaise et africaine aux Etats-Unis, nourrissait des ambitions pour un meilleur futur de la musique africaine, avec le projet de studio qu’il avait dans son pays natal, qui verra arriver les premières cargaisons de matériel musical le jour même où le monde entier entendra la nouvelle de sa mort, le 8 décembre 2017.
Vincent Nguini est survécu par son épouse d’origine sud-africaine Florence, sa fille, Olivia cette enfant qu’il avait eu dans sa jeunesse alors qu’il se cherchait encore écumant les cabarets de la capitale camerounaise et qu’il se fera un devoir de reconnaitre et d’emmener avec lui aux Etats-Unis, pour lui offrir une meilleure chance et lui épargner les tourments qu’il aura connu lui-même sous les tropiques. Olivia prolongera la lignée de son père avec 4 petits enfants. Vincent laisse aussi deux sœurs , Nomo et Mayo, et un frère Jean Marie. En tout cas comme dit la maxime l’artiste ne meurt jamais,
Vincent Nguini vivra à jamais dans la mémoire qu’inspire son œuvre musicale généreuse, il aura contribué à pas moins de 82 albums avec des artistes de divers horizons jusqu’en 1987 année où il décida de se consacrer uniquement à l’orchestre de Paul Simon et à ses productions solos. Cependant en 2013 alors qu’il est au pays natal pour présenter son opus The rough guide to African Disco, un Medley de classique noir américain à la sauce africaine, il rompra cette règle, et fera la promesse à Lady de Ponce une égérie du Bikutsi, rythme de la région du centre du Cameroun, de travailler sur son nouvel opus. Pendant les 2 mois passés au Cameroun, il s’y attèlera ; mais son agenda chargé et la maternité impromptue de la chanteuse en décideront autrement de la sortie de cet album.
Vincent Nguini qui du reste n’a jamais changé de nationalité, au moment où la question sur la double nationalité fait débat, trouvait que garder son identité était une donnée incorruptible. Après une éreintante tournée de l’Amérique du nord avec Paul Simon en 2016 avec cette performance mémorable le 1er juin 2016 au Mythique Hollywood Bowl de Los Angeles, Vincent Nguini entre les intermèdes des longues tournées sortira Le 15 juin 2017 un single intitulée Bol en prélude à son prochain album, une dernière note prémonitoire où en langue Beti Ewondo, il invoque la musique du pays, et se pose la question de savoir s’il sait vraiment ce qu’il ya là-bas de l’autre côté ? Très attaché à son terroir, dans son dernier refrain il pose aussi la question de savoir « à qui appartient ceci », tout en épiloguant sur la futilité des choses de la vie. Il glosait peut-être son anxiété, quant à la reconnaissance et l’approbation de sa personne et de son œuvre par ses ancêtres dont il savait inexorablement qu’il allait croiser dans un avenir certain.
Par Hubert Marlin
Journaliste
Remerciements à Loïc Kodjay
Los Angeles
Journaliste
Photo: Manu Lagos
Flashmag January 2018 www.flashmag.net