Flashmag Digizine Edition Issue 69 May 2017 | Page 17

...............17.............

langue différente de celle de votre creuset familial ?

Vous savez parfois à Paris il ya des commandes, et j’ai en plus fait plusieurs collaborations comme par exemple avec Bobby Womack, c’était très intéressant comme expérience, il ya toujours des échanges ou des collaborations avec des artistes. Avec Myriam Makeba par exemple, Je me suis toujours adapté. Mais en fait, je pense que la langue africaine doit être portée. J’aime bien que lorsque je me produis en Chine au Japon, en Amérique du nord au brésil, en Inde que les gens me demandent ce que je raconte dans mes chansons. Et ils me disent waouh j’adore ce mot. Cela me permet de parler de mon Afrique. De lui donner l’attention qu’elle mérite. D’aimer mon Afrique, et de lui parler avec ma voix de femme. J’aime garder ce côté profond de l’Afrique, en gardant ma langue. C’est très important pour moi musicalement je peux aller partout, je peux essayer tous les genres jouer des morceaux un peu Jazzy, un peut funky ou reggae. Nous avons besoins de porter nos langues. Myriam Makeba n’est plus là, qui va chanter en nos langues, si nous chantons tous en anglais ou en français ? Oumou Sangaré est là, Angélique Kidjo aussi, mais il faut continuer à préserver notre héritage culturel. Il faut que la jeunesse se montre capable, de continuer ce qu’elles ont déjà accompli. Il y a beaucoup de jeunes qui chantent en anglais c’est bien mais on ne peut pas faire tous la même chose. Je pense qu’il faut garder cette profondeur-là, c’est agréable à l’écoute en plus..

Oui je pense vous n’êtes la seule qui pense de la sorte, j’ai entendu dernièrement Richard Bona qui estimait que les jeunes, ne devaient pas abandonner leur langue d’origine dans la musique. Même son de cloche dans les caraïbes avec Joceline Béroard, qui estimait que les jeunes devraient faire un zouk avec plus de créole. Vous avez notamment joué dans une dizaine de films et fait les planches du théâtre comment le cinéma et le théâtre ont influencé votre musique?

L’image est très importante. J’aime beaucoup le cinéma, parce que je ne joue pas. En fait j’ai

travaillé avec un metteur en scène Sotigui Kouyaté, à l’âge de 14 ans. Il m’a beaucoup formé j’ai fait deux films avec lui. Il était mon papa dans la Genèse, et mon oncle dans Sia le rêve du python, et après on a fait une pièce de théâtre pendant 4 ans. J’ai compris avec lui qu’un bon acteur c’est celui qui ne joue pas. C’est quand tu arrives à fusionner les rôles à ta personne, alors là tu peux dire que tu es un bon acteur. Donc je suis dans cette démarche-là, de rester naturel même dans le cinéma et il y a certains metteurs en scène qui apprécient ça, comme Abdherame Sissako dans le film Timbuktu.

Vous avez joué au grand écran avec Sotigui Kouyaté beaucoup d’autres journalistes estiment qu’il vous a beaucoup influencé de quelle manière ?

C’est la curiosité d’apprendre il me l’a toujours dit. Je l’ai rencontré à 12 ans, il m’a coaché 2 ans avant que l’on ne fasse le film. Il m’a fait comprendre qui j’étais dans la vie en fait. Il m’a appris à canaliser mon énergie. Il m’a toujours dit ne perd pas ton temps à juger les autres. Apprends à conduire ta propre moto. Apprends à respecter les autres apprends à être humble. Il a effacé l’ego en moi. C’est facile pour moi d’aimer l’autre malgré sa différence, il m’a appris à voir le bon côté des choses. Il m’a appris à ne pas me plaindre de prendre chaque jour, comme un cadeau de Dieu. C’était un sage homme, et moi j’ai eu la chance de le côtoyer avant son départ. Il m’a fait comprendre que l’apprentissage était infini.

En septembre 2012, vous participez à une campagne intitulée «30 chansons / 30 jours » pour soutenir Half the Sky : transformer l'oppression en opportunités pour les femmes