Flashmag Digizine Edition Issue 113 January 2021 | Page 24

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tures de rois et reines d’Afrique ?

Et bien vous avez tout juste. J'ai choisi de raconter les ancêtres, les miens et tous en fait. Je sculpte aussi le temps où ils vivaient sur leur terre en Afrique et j'ai commencé le buste d'une reine , ils font partie de l'histoire. Seulement pour cela il faut que je les vois en rêve. Alors je ne peux dire s'il y en aura d'autres. J 'ai déjà beaucoup de rêves qui attendent leur tour (rires). Et je n'aurai pas assez d'une vie pour les raconter tous, en espérant que dans la prochaine je puisse poursuivre, où que dans la prochaine il n'y ait plus d'esclaves dans le monde !

Le monde est en pleine période de questionnement avec la pandémie qui je dirais au-delà de la maladie remet en question la société dans laquelle nous vivons, et la confiance accordé à ceux, à qui nous donnons mandat pour diriger les nations. Complot ou pas, la société occidentale dominante, n’a jamais été autant mise sur les bancs des accusés. Du point de vue de l’afro descendante et artiste que vous êtes quels pronostics faites-vous sur le futur de cette société ? Va-t-on vers un chaos, fait de perte de liberté et de contrôle des consciences, ou une prise de conscience collective de l’urgence d’un changement de paradigme plus inclusif ?

Je suis le genre d'humain toujours en questionnement de tout, mais surtout le genre d'humain qui croit en un monde meilleur. C'est ma nature. Cette pandémie mondiale semble nous priver de tout l'essentiel, retranchement, isolement, peur du manque, du futur incertain, et des dirigeants qui semblent tout aussi perdus que nous. Que faut-il en penser? Complot? Envie d'un parcage intensif comme des moutons? J'espère surtout qu'il y aura une prise de conscience collective de ce qui est essentiel, ce que nous sommes prêts à perdre pour mieux gagner. Mais nous savons tous par expérience que fermer dans une cage peut rendre plus agressif ou plus soumis. J'aimerais dire que je n'ai pas peur sauf que dès que la bride est lâchée, la décadence est plus grande, quelle est la solution ?

Comment vivez-vous ces périodes confinements ? En vous réfugiant dans la création ?

Je ne peux pas dire vraiment que je me réfugie dans la création puisque je m'y réfugie tout le temps, mais mon atelier est fermé pour les cours que je donne. Donc je suis beaucoup plus seule. J 'avais prévu d'arrêter de transmettre parce que je manquais de temps de création, actuellement je ne fais que créer. C'est un pur bonheur, pardon pour mes élèves !

Je souffre comme tous de cette sensation de manque de liberté, des voyages annulés avec L'Afrique, les îles, les États-Unis. Les projets avec les lieux de mémoire et les musés sont reportés, mais jusqu'à quand ?Je cogite encore plus, je ne savais pas que c'était possible.(rires)

Je suis dans la peine de tous ceux qui ont perdu des proches ou encore qui sont touchés eux-mêmes.

Une nouvelle année commence avez-vous pris quelques résolutions ? si oui lesquelles ? Comment espérez-vous cette année ?

La nouveauté pour moi est que depuis le mois d'octobre 2020 je suis défendue par une galerie, La galerie Maron'Ages, à Lyon, France. Il ne s'agit pas d'une galerie classique sinon je n'aurai pas été intéressée (je n'aime pas me sentir en cage), mais d'un lieu humaniste. Le galeriste, collectionneur a découvert ma création et après avoir fait l’acquisition d'un bon nombre a décidé d'ouvrir une galerie pour me représenter ainsi que quatre peintres afro-descendants. Il est par la même occasion mon agent dans le monde entier. Je n'arrivais plus à tout gérer, créer, monter les dossiers donc maintenant c'est une nouvelle manière d’interpréter la diffusion de ma création.

J'espère que mes sculptures vont ouvrir d'avantage la porte des États-Unis chez les particuliers et lieux institutionnels.(j'ai déjà quelques pièces acquises en collection privée). Je modèle actuellement un esclave soldat de la guerre de sécession et un Buffalo soldier. L 'histoire très peu connue des afro-descendants durant cette guerre. Il y a tellement à faire, je voudrais travailler avec tous les états où l'esclavage a été important.

Le mot de la fin à tous ceux qui nous lisent ?

Je n'aurais de cesse moi en tant que femme,à mon époque de « raconter » ce passé d'hier trop présent aujourd'hui.

Et c'est à travers votre regard à tous, votre sensibilité à ma création et vos partages que cela prend vie.

Transformons les chaînes d'entraves en chaînes de solidarité humaines pour faire de ce monde un monde meilleur, pour nous et nos jeunes générations .

Bill Akwa Betote