Flashmag Digizine Edition Issue 113 January 2021 | Page 20

Salut Sandrine et bienvenue sur la tribune de Flashmag !

Honnêtement j’ai été un bout subjugué par vos sculptures, elles sont tellement réelles et parlantes.

La sculpture qu’est-ce qui vous y amène ? Pensiez-vous devenir sculpteur lorsque vous étiez enfant ?

Bonjour, tout d'abord merci de votre sensibilité à ma création et c'est avec grand plaisir que je réponds à vos questions pour Flashmag.

J'ai découvert la terre à l'âge de huit ans , simple cadeau de noël mais qui allait bouleverser ma vie. J'ai copié une petite figurine africaine de ma grand-mère et tout le monde avait été impressionné.

J'ai continué par la suite tellement j'ai aimé ce contact( j'étais plutôt réservée petite et asthmatique donc la terre était une matière qui me convenait parfaitement pour m'exprimer)et j'ai commencé à dire que je voulais être artiste .

J'ai été comprise par mes parents (qui m'aimaient d'un amour inconditionnel) et m'ont encouragé en ayant un niveau d'étude en parallèle, à poursuivre mon rêve.

Votre apprentissage vous le ferez de manière, je dirais méthodique. Après un bac d'arts plastiques , puis un détour à la faculté d'histoire de l'art, vous faites un apprentissage de sculpture chez un loge de Rome Jean Chauchard, élève de Paul Belmondo, puis ce sera une école de taille de pierre et d'architecture à Volvic en France et des stages de sculpture en Italie chez Gigi Guadagnucci grand maître du marbre, à Massa-Carrare en Toscane. Si en quelque mots il fallait dire comment ce parcours a influencé l’artiste que vous êtes devenu, que diriez-vous?

J'ai été autodidacte longtemps ne trouvant personne d'assez qualifié dans les petits ateliers pour m'apprendre l'anatomie du corps humain. Parce que moi je voulais maîtriser le corps humain dans la terre à la perfection pour pouvoir « raconter fidèlement ».Après mon apprentissage et mes stages , le corps se révélait à moi d'une toute autre manière :partir du squelette, muscles, chair, veines, peau ...J'allais vraiment pouvoir enfin m'exprimer avec toute l’émotion que j'avais en moi. Je ne peux pas dire que j'ai été influencé , mon style est très différent des deux maîtres avec qui j'ai appris mais ils m'ont transmis le savoir dont j'avais besoin.

Est -ce que la technique acquise pendant l’apprentissage a une influence sur le style d’inspiration, ou alors la méthodologie acquise, est juste un vocable, un moyen d’exprimer son art ?

Exactement il s'agissait uniquement de connaissances à maîtriser et savoir mettre en mouvement, j'ai appris à tailler la pierre aussi pour confirmer que ma matière à moi est réellement la terre. Cette terre qui vit sous nos pieds, sait faire naître ou mourir les choses, cette matière vivante...notre terre mère tout simplement.

Vous avez souvent dit que c’est votre énergie masculine qui vous permet de créer pourquoi ?

Vous savez ce fameux Ying et Yang, j'insiste d'ailleurs beaucoup pour que l'on me nomme sculpteur, pas de féminin. Je suis très féminine dans la vie de chaque jour mais dans la création il me semble que c'est ma force masculine qui entre en action.

Être femme et sculpteur est ce que cela influence votre sensibilité par rapport à la création si oui comment ?

C'est une excellente question à laquelle il est difficile de répondre. Je suis très très sensible, mais est-ce dû au fait que je sois une femme? Je ne pense pas, beaucoup d'hommes le sont aussi. Je n'ai rien à prouver. Je fais ce que j'ai à faire. Par contre cela surprend souvent que ce soit une femme qui crée ces sculptures à cause de la dimension (je crée à échelle humaine afin que l'on puisse « dialoguer » avec mes sculptures).Et cela surprend d'autant plus que je sois sur place lors des manifestations autour de la mémoire de l'esclavage en train de militer. C’est d'ailleurs là que tout prend son sens je ne fais pas de la sculpture pour faire de la sculpture, je milite à travers l'art.

Et le métier de sculpteur a-t-il influencé la femme que vous êtes en dehors de séduire les mecs par votre talent ? (Rires)

Je ne suis pas sûre de ne séduire les « mecs » que par mon talent (rires) et heureusement !

Mais j'avoue que cela impressionne les hommes, pas juste ma création mais la manière dont je la défends.

Oui mon métier a influencé tout mon mode de vie, tout d'abord parce que je travaille énormément, ce métier m'a rendu persévérante, courageuse dans tous les sens du terme...Je reçois aussi beaucoup de critiques violentes ou insultes par rapport au sujet que j'ai choisi de raconter. Même pas peur(rires)

Mais il m'a gardé surtout dans l'espoir, l'amour de la vie ,la douceur aussi.

Körinn "Traversée "

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Lia Samantha et les membres du groupe Voodoo Souljah Binghy Fyha et Diego Ibargen