Flashmag Digizine Edition Issue 111 November 2020 | Page 23

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lEn 1985, Miriam Makeba est invitée par le Conseil général des Hauts-de-Seine à l’inauguration d’une place Nelson Mandela à Nanterre. « Elle devait faire un discours, mais elle a dit’je vais chanter’ ». Autre instant gravé par le photographe que l’on retrouve dans l’expo « Paris 80 – Pulsations ». Bill Akwa y présente également des clichés de Manu Dibango, avec Ray Lema, Lokua Kanza, Guem, Baaba Maal. Au-delà de l’anecdote, et avec le recul, les années 1980 sont un grand moment pour l’émergence de ces musiques dans le monde. Quand Mamadou Konté, manager de Salif Keïta à l’époque, signe à Paris avec Chris Blackwell du label Island pour son premier album, Soro, à paraître en 1987, c’est encore une fois lui qui immortalise l’événement.

Evoquant cette époque Bill Akwa Bétotè affirmait, « C’était la naissance d’un lien entre les cultures du sud. Le 28 rue Dunois était un haut lieu de la confrontation entre jazz, free-jazz et musiques africaines. Il y avait aussi le Centre Américain. Et le Reggae venait de frapper très fort, donnant aux musiques africaines une force et une résonance nouvelles. Dans la lignée de musiciens américains précurseurs, qui ont revendiqué leur identité avec leur musique, ces courants ont secoué Paris et m’ont donné des pistes sociologiques sur cette mouvance ».

Plus que le scoop, c’est l’urgence de cette scène en effervescence et de cette affirmation identitaire à travers la musique que Bill Akwa Bétotè cherche, à l’époque, à documenter. Un travail qui révèle toute sa saveur et sa dimension historique, aujourd’hui.

« Le système n’était pas le même qu’aujourd’hui, où la communication à outrance a dévalorisé notre travail », poursuit le photographe. « D’un côté la photo numérique a bouleversé la pensée des gens, qui font des photos au lieu de profiter de l’instant, de regarder les monuments ou les concerts. Sur le plan professionnel, le marché s’est dégradé, a évolué dans le mauvais sens. Les gens pensent que les photos sont gratuites, ne se rendent plus compte de la valeur de notre travail ».

Pour autant, le grand Bill, casquette vissée sur la tête, n’a pas perdu la foi en son métier. Et le temps a sans doute révélé la valeur de ses images. Une passion qu’il s’attelait à transmettre, par le biais d’ateliers, de master-classes. Il prêchait que « Au-delà de la technique, les photographes peuvent apporter leur expérience, leur vision, leur talent, et faire partager leur travail. C’est une pédagogie sociale et culturelle ».

Fela Kuti en Concert a Paris 1981

Bill Akwa Betote