Flashmag Digizine Edition Issue 109 September 2020 | Page 25

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il reste toujours des forces obscures qui cafouillent et détruisent tout. Il faudra vraiment que ça change, si l’on veut évoluer. J’espère que si un jour il y a de nouvelles autorités les choses vont évoluer. Les CD peuvent se vendre à la fin des concerts mais l’un des reproches que je fais à l’ère Biya c’est qu’il n’y a pas de salle de concert au Cameroun alors comment on va organiser des concerts sans salle ? moi dans mon enfance j’étais mieux loti, car il y avait plein de salles à Yaoundé l’Abbia, le Mfoundi, le Capitol et bien d’autres. C’est quand même triste qu’après 60 ans d’indépendance on n’a pas de salle de spectacle digne de ce nom au Cameroun. Pourtant cela devait exister dans toutes les régions pour qu’un artiste puisse faire des tournées. Et pire les jeune qui veulent jouer live ne peuvent plus s’exprimer et tout est faussé comment former des musiciens sans scènes. C’est donc pourquoi en Afrique les gens consomment de plus en plus que de la musique urbaine faite avec des machines par ce qu’il n’y a pas de salle il n’y a pas de festival. Et ça c’est criminel aux vues du talent des jeunes camerounais. Le jeune qui fait de la musique acoustique n’a pas de plateforme pour s’exprimer même Trace TV ne veut pas de notre musique.

Et c’est vrai que les médias afro se font rares avec la fermeture annoncée de France O tout dernièrement

Oui hier ou avant-hier (NDLR le 24 aout 2020 France O TV a fermé)

Maintenant que France O a fermé et dernièrement il y a eu le retrait des Victoires de la musique des la catégorie World Music avec tout ce qui semble être contre la musique africaine et caribéenne pensez vous qu’il y a des chances que les africains et les caribéens décident de se prendre en main eux même , en créant leurs propres chaines et leurs propres cérémonies de prix ?

Oui il ya une perte de visibilité et c’est pourquoi on ne nous programme pas souvent dans les festivals. L’investissement est énorme et ce n’est pas évident.

Ma question est plus dans l’envie de se fédérer, car les médias c’est l’audimat qui les soutient. N’est-il pas temps que les africains créent leurs médias et ces derniers soient soutenu par les africains afin que les profits soient réinvestis dans la culture, et que les africains et caribéens commencent à se comporter en consommateurs intelligent en consommant les produits de leurs semblables?

Je pense quand même que côté musique urbaine les africains consomment leur musique. Il y a une certaine dynamique qui est là, même si je n’adhère pas totalement à tout ce qui se fait. Ils arrivent quand même à créer une économie. Je discutais dernièrement avec Charlotte Dipanda sur le sujet. Malgré les moyens limité elle a quand même réussi à se bâtir.

Vous avez produit une pléthore d’artiste en général qu’est ce qui vous pousse à produire un artiste vous marchez au feeling ou alors au business en premier ?

C’est toujours le côté artistique qui prime lorsque je produis ; que ce soit les musiciens ou les danseurs car je produis aussi pour les troupes de danse. C’est une collaboration un échange et moi c’est ce que j’aime. A deux ou à trois on est toujours plus forts, que tout seul quoi. Après c’est parfois financé par d’autres structures mais l’idée c’est beaucoup plus investir dans la création en premier.

Depuis 2004, vous flirtez avec la scène en solo, sous votre pseudo de toujours Wambo. Pourquoi avez-vous senti le besoin de vous embarquer solo ?

C’est vrai qu’après avoir accompagné et produit plusieurs artistes comme je l’expliquais plus haut. A un moment je me suis dit voila la quarantaine qui arrive il faut faire autre chose. Alors j’écrivais des chansons, je n’osais pas trop attaquer le français car c’est une langue compliquée. Je suis allé à reculons mais en même temps avec l’histoire de « C’est la vie » je me suis rendu compte que cela a marché aussi par ce que c’était en français car cela a réuni plus de gens. C’est ce qui se vérifie aujourd’hui avec la musique urbaine. Comme je ne parle pas Bamiléké (NDLR langues parlé dans l’ouest Cameroun ) c’était un peu compliqué. J’ai fait mon premier album et j’ai aussi invité Pablo Master qui fait plutôt de la Ragga music, Charlotte Dipanda Cathy Renoir, et Henri Dikongué pour une chanson sur l’amitié car certains ont pensé que l’on était en mauvais termes, puis que l’on ne travaillait plus en ensemble.

Vous avez eu une aventure aux Etats-Unis avec le groupe « Voices » entre 2005 et 2011 s’il fallait dire un mot sur cette expérience que diriez-vous?

Comme je venais constamment bosser à New York j’ai rencontré un musicien Philip Hamilton un chanteur de Jazz soul qui aime bien les rencontres. Il avait créé un projet où il n’y avait que des voix a capela avec des chanteurs de diverses origines. Il y avait un chanteur indien un autre israélien, un beat boxer qui s’appelle Kenny Muhammad qui était l’un des pionniers du beat box dont j’ai vraiment eu la chance de travailler avec. C’est ce qui me plait.

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